ATELIER NATIONAL SUR LE VERDISSEMENT
DE LA POLITIQUE AGRICOLE ISRAÉLIENNE
A la suite du second atelier en Israël sur les pratiques commerciales déloyales dans le secteur des fruits et légumes frais, le think tank israélien a souhaité concentrer les travaux et discussions sur un autre thème central de l’agriculture israélienne, et particulièrement du point de vue de l’opinion publique : le verdissement de la politique agricole israélienne et la promotion de l’agroécologie.
​
L’objectif de cette activité était de mobiliser l’expérience européenne sur les questions des politiques agro-environnementales et de présenter et discuter leur mise en œuvre et leur évaluation au sein de l’UE et de quelques Etats membres (France et Pays-Bas notamment).
​
Ce troisième atelier s’est tenu du 20 au 22 juin 2017 à Tel Aviv. La première journée a été dédiée à plusieurs visites de terrain afin que les experts européens découvrent plusieurs projets et initiatives agroécologiques sur le territoire israélien :
​
-
Un projet de protection intégrée des cultures avec des pièges olfactifs pour lutter contre les insectes ravageurs des vergers dans le but final de diminuer l’usage des pesticides. Ces outils se doublent d’un accompagnement des producteurs et de formations afin d’atteindre un effet de seuil sur le périmètre donné ;
​
-
Le centre de Ramat HanaDiv dédié à la recherche en vue du développement d’une économie plus durable et inclusive (implication du public et des collectivités territoriales dans les prises de décision) ;
​
-
Le centre de traitement des eaux usées Afikei Emek Hefer qui facilite la compatibilité d’une activité agricole dynamique et d’un habitat assez dense. Le traitement différencié selon les usages des eaux représente par ailleurs un véritable progrès dans un contexte de raréfaction de la ressource…
​
-
La ferme laitière « Milky Way » qui représente une illustration de la politique de réforme de l’élevage bovin laitier en cours en Israël visant notamment à limiter les conflits potentiels avec les résidents et l'environnement (traitement des déjections solides, acheminement des lisiers vers une unité de biogaz, aménagement des stabulations pour améliorer le bien-être animal…) ;
​
-
La visite du dernier site sur la commune d’Emek Hefer a permis d’aborder le sujet de la protection intégrée des cultures basée sur la collecte participative et la cartographie SIG de données sur les parcelles ainsi que celui de la réhabilitation d’un habitat favorable à la faune (zone humide, corridors écologiques...).
​
La matinée de la seconde journée d’atelier a été consacrée à une conférence publique ouverte organisée par la Direction des services de vulgarisation du Ministère, avec près de 200 participants.
​
La session a été introduite par un exposé des projets agro-environnementaux mis en œuvre en Israël (traitement des eaux usées, dessalement, récupération des eaux de crues, projets pilotes visant à favoriser une coexistence harmonieuse entre agriculteurs et habitants tout en permettant une préservation des ressources naturelles) et des outils et soutiens élaborés par le Ministère pour promouvoir un secteur agricole davantage écoresponsable.
​
Par la suite, les différents experts européens se sont succédés afin de présenter l’expérience européenne en matière de politique agro-environnementale en abordant les sujets suivants :
​
-
L’historique de la prise en compte des préoccupations environnementales dans la Politique Agricole Commune et les perspectives d’évolution ;
​
-
Un focus sur les mesures agro-environnementales du second pilier de la PAC ;
​
-
Le « projet agro écologique pour la France » avec ses différentes composantes et indicateurs ;
​
-
Une illustration concrète de ce dernier avec le « Plan Ecophyto » grâce notamment aux témoignages d’une productrice française de framboises et de conseillère agricole l’accompagnant dans ce projet ;
​
-
Une présentation de la politique agro-environnementale aux Pays-Bas et du rôle des « coopératives environnementales » dans ce pays.
​
L’après-midi du second jour a été dédiée à une table ronde restreinte composé d'une soixantaine de participants sur l’utilisation des pesticides introduite par un exposé sur les lignes structurantes de la réglementation européenne en la matière et par une présentation plus avancée du « Plan Ecophyto » en France. Les discussions qui ont suivi les présentations ont permis de mettre en évidence une forte attente en Israël vers des mesures ambitieuses de réduction de l’usage des pesticides.
​
Le dernier jour d’atelier a été divisé en deux tables rondes :
​
1. La première a été dédiée aux outils permettant de promouvoir une agriculture durable et de sensibiliser les producteurs afin qu’ils fassent évoluer leurs pratiques. Les discussions se sont appuyées sur une présentation des mesures prises par les acteurs du secteur laitier au Pays Bas, sous l’impulsion des firmes agroalimentaires, pour promouvoir un élevage durable et sur un exposé concernant la question des approches comportementales pour promouvoir une agriculture durable. Les débats ont notamment porté sur les atouts et faiblesses respectifs des approches volontaires et réglementaires pour promouvoir une agriculture durable.
​
2. La seconde table ronde a permis d’aborder la question des indicateurs à utiliser pour évaluer et faire le suivi des politiques agroenvironnementales et de leur application concrète. Les débats ont été alimentés par un exposé général sur les caractéristiques nécessaires des indicateurs pour qu’ils soient efficaces et pertinents, suivi d’une présentation sur les indicateurs utilisés dans le cadre du « projet agro-écologique pour la France ». Les discussions ont porté notamment sur le renforcement de la base de données agricoles et environnementales et des indicateurs en Israël (lancement programmé d’un recensement agricole en 2018). Par ailleurs, les apports du projet FLINT (Farm Level Indicators of a New Type) financé par le 7ème Programme Cadre européen et coordonné par l’Université de Wageningen ont également été évoqués lors de cette table-ronde.
​
Enfin, le séminaire s’est conclu par un débriefing des trois jours d’atelier et une discussion générale sur les obstacles freinant le développement d’une politique agro-environnementale plus ambitieuse en Israël (coûts budgétaires et nécessité de s'engager sur le long financièrement, stratégie de soutien agricole essentiellement basée sur une politique des prix n’offrant ainsi que peu de levier pour inciter aux changements de pratiques, niveau de priorité relatif de la question agricole par rapport à d’autres dossiers…).
​
Pour ce qui concerne la suite des activités du programme d’appui à l’initiative ENPARD en Israël, deux sujets potentiels ont été évoqués : les indications géographiques et la coopération entre agriculteurs pour promouvoir l’agroécologie. Le choix d’un de ces deux sujets en vue de l’organisation du quatrième atelier en novembre/décembre 2017 devrait être précisé dans les prochaines semaines.
​
Vous trouverez les présentations des experts à l'adresse suivante : http://cloudia.iamm.fr/index.php/s/FHVb9Wu6eWaW7jV