SÉMINAIRE SOUS-RÉGIONAL ALGÉRIE-MAROC-TUNISIE :
"RENFORCEMENT DU SYSTÈME COOPÉRATIF AU MAGHREB"
L’Algérie, le Maroc et la Tunisie sont marqués par des histoires des coopératives agricoles longues et riches. Ces trois pays ont notamment depuis plusieurs décennies mis en place différentes politiques visant à lever les freins qu’elles rencontrent dans leur développement et à les renforcer.
​
Cependant, la consolidation du tissu coopératif et le développement à grande échelle de coopératives agricoles qui soient autonomes, indépendantes, viables et fonctionnelles, se heurtent encore à des contraintes communes aux trois pays : le difficile accès aux financements, aux capitaux et à la terre ; le besoin de renforcement de l’environnement institutionnel nécessaire à l’épanouissement des coopératives ; la consolidation des capacités de gestion et de bonne gouvernance interne…
​
Dans ce contexte, un fort intérêt pour instaurer un dialogue entre les acteurs algériens, marocains et tunisiens a notamment émergé lors du précédent séminaire sous régional ENPARD Méditerranée les 29 et 30 avril 2016 à Meknès (Maroc), autour des sujets qu’ils partagent en matière de coopératives agricoles et de politiques visant à les soutenir.
​
Ainsi, différents représentants des Ministères en charge de l’agriculture, de nombreuses coopératives agricoles, de banques, d’organismes d’appui provenant des trois pays mais également de France, se sont réunis dans le cadre d’un nouveau séminaire sous régional ENPARD Méditerranée les 15 et 16 décembre 2016 à Alger, autour de la thématique du renforcement du système coopératif maghrébin.
​
Après avoir présenté et discuté des principes universels des coopératives agricoles, afin notamment de donner à l’ensemble des participants une vision et une compréhension commune de la notion de coopérative, un exemple phare de coopérative française a été exposé et un débat s’en est suivi afin d’analyser les facteurs de réussite de cette entreprise.
​
Plusieurs ateliers thématiques se sont par la suite déroulés, tout d’abord en interne, entre membres de chaque délégation, afin d’analyser en détails les éléments du contexte national ainsi que les particularités et les enseignements majeurs tirés de l’expérience de chacun de ces pays, puis en séance plénière, afin de nourrir un dialogue entre les participants.
​
Le séminaire s’est ainsi structuré autour de trois temps forts : le diagnostic du système coopératif des trois pays (environnement légal et institutionnel, structure et positionnement des coopératives…) ; l’identification des conditions de développement du système coopératif (capitalisation autour de l’expérience des professionnels) ; la construction d’une vision maghrébine des coopératives et l’élaboration des fondements d’un partenariat maghrébin en la matière.
​
Les échanges ont été riches et approfondis, les professionnels présents ont en effet fortement apprécié de partager leurs visions, leurs expériences et ont pleinement joué le jeu de la comparaison constructive et de l’auto-analyse. Ces acteurs ont ainsi questionné de façon approfondie leurs propres pratiques et stratégies, à la lumière d’expériences maghrébines croisées.
​
Après examen, et au regard des principes internationaux des coopératives et de l’expérience des acteurs présents au séminaire, les cadres légaux algériens, marocains et tunisiens ont été jugés satisfaisants ou en voie de l’être à court terme, considérant les évolutions en cours. Les recommandations ont ainsi principalement porté sur la capacité des coopératives agricoles mais également des institutions publiques, parapubliques et privés, à mettre en pratique, à accompagner et à contrôler l’application de telles orientations et directives.
​
Le constat a par ailleurs été fait que les initiatives de création de coopératives n’émanent que dans une part relativement mineure des acteurs locaux et dans un objectif affiché de participation au développement territorial. La majeure partie du tissu coopératif local (coopératives, organisations et cellules locales d’appui…) reste en effet guidée par des politiques, souvent volontaristes, de régulation et de structuration des filières. Elles s’appuient ainsi directement ou indirectement sur les coopératives pour atteindre les objectifs nationaux d’approvisionnement du marché. En outre, les coopératives font souvent face à des acteurs informels privés agissant en dehors de la réglementation et détenant certains segments des filières.
​
Différents facteurs contribuant à la réussite de la création et au bon fonctionnement des coopératives ont notamment été identifiés par les professionnels des trois pays, sur la base de leurs expériences. Cette liste exhaustive peut être synthétisée autour de trois axes :
​
-
L’environnement social et humain (culture locale de la coopération, engagement d’un leader répondant aux critères nécessaires, capacités de transmission…)
-
Le fonctionnement interne des coopératives (bonne gouvernance, respect de la réglementation, stratégie, réponse aux besoins des adhérents, crédibilité technico-financière…),
-
Les politiques publiques (structures de proximité, formation, contrôle, non-ingérence dans la gestion des coopératives…)
​
Enfin, les nombreux points communs des histoires et des structures du tissu rural et coopératif agricole que ce séminaire a permis de mettre en évidence, mais également la large palette de stratégies mises en œuvre dans les pays et portés à différents stades, ont démontré l’intérêt de disposer d’une structure ou plateforme maghrébine, permettant :
​
-
L’échange d’expériences en matière de soutien aux coopératives agricoles
-
L’échange de connaissances et de bonnes pratiques entre les coopératives
-
L’autopromotion des coopératives et la défense des principes coopératifs dans les trois pays du Maghreb
-
La pose des fondements d’une union maghrébine des coopératives agricoles