Dans le cadre de la mise en œuvre des activités du programme d’appui à l’Initiative ENPARD en Tunisie, le Ministère de l’Agriculture, des Ressources Hydraulique et de la Pêche (MARHP) a identifié trois thématiques de travail : l’évaluation du système de régulation de la filière céréalière, l’évaluation du système de soutien au secteur agricole et l’évaluation de l’impact de l’Accord de Libre Échange Complet et Approfondi (ALECA) sur l’agriculture tunisienne.
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Ces thématiques font actuellement l’objet de quatre études coordonnées par l’équipe du programme d’appui à l’initiative ENPARD Méditerranée, avec l’appui de la Direction générale des études et du développement agricole (DGEDA) : l’évaluation de l’impact de l’ALECA sur la filière lait ; l’évaluation de l’impact de l’ALECA sur la filière agrumes ; l’évaluation du système de régulation de la filière céréalière (collecte, importations et consommation) ; l’évaluation du système de soutien au secteur agricole en Tunisie.
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Pour chacune des études, un groupe de travail, constitué de représentants des principales institutions concernées, des producteurs et du secteur privé, a été mis en place. Ces groupes se sont réunis du 18 au 21 juillet dernier à Tunis afin de discuter d’un premier état des lieux et de préciser les objectifs et les modalités des études.
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Groupe de travail sur l’évaluation de l’impact de l’ALECA sur la filière lait
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Suite à la présentation de l’état des lieux de la filière lait les membres du groupe de travail ont principalement abordé les points suivants : le manque de données globales, actualisées et fiables ; la faible gouvernance et une intégration insuffisante de la filière ; la dualité de la production marquée par une forte hétérogénéité et l’absence de contrôle sur les petits producteurs ; la forte dépendance de l’industrie laitière aux subventions ; la difficulté de développer les exportations ; la question primordiale de la qualité du lait.
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La plupart des participants considèrent qu’en l’état actuel, la filière lait tunisienne n’est pas encore prête à s’ouvrir aux produits concurrents européens car les producteurs européens sont plus compétitifs. L’ouverture devrait être négociée et analysée dans les deux sens (exportation et importation), ce qui pose la question de la compétitivité prix et non prix des produits tunisiens. L’évaluation de l’impact de l’ALECA concernera tous les maillons de la filière, analysera la compétitivité prix et non-prix des produits laitiers et posera la question de la durabilité des exploitations laitières tunisiennes. Elle tiendra aussi compte des soutiens au secteur lait en Europe et en Tunisie.
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Groupe de travail sur l’évaluation de l’impact de l’ALECA sur la filière agrumes
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Après une description globale de la filière agrumes en Tunisie, les discussions du groupe de travail se sont concentrées sur plusieurs thèmes : l’évolution de la production locale ; la capacité de la Tunisie à développer ses exportations agrumes en diversifiant les produits exportés et les marchés de destination ; la consommation locale et l’absence de transformation industrielle.
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L’étude se concentrera sur la question de la compétitivité prix et non-prix des agrumes tunisiens, sur leur positionnement international et sur l’impact des négociations ALECA sur la filière à la fois à l’importation et à l’exportation.
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Groupe de travail sur l’évaluation du système de régulation de la filière céréalière
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Dans le cadre de l’atelier sur la filière céréales, suite à une présentation de l’état des lieux de cette dernière en Tunisie, quatre principaux sujets ont été abordés par le groupe de travail : l’état de la collecte de céréales, les difficultés que rencontre ce maillon de la filière et les options d’amélioration ; la fixation des prix et des primes et plus généralement le mécanisme de compensation ; les importations pour couvrir un déficit de production important ; la consommation, la qualité des produits proposés et le gaspillage.
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L’étude visera, sur la base d’une analyse fine de la situation, à proposer des éléments de réponses concrets aux difficultés rencontrées en matière de collecte, de gestion des importations et de régulation de filière céréalière.
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Groupe de travail sur l’évaluation du système de soutien au secteur agricole en Tunisie
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Enfin, lors du dernier atelier, plusieurs points ont été abordés par les membres du groupe de travail après la présentation de la note d’analyse : l’intérêt de la méthode OCDE pour cette étude ; la difficulté d’accès aux données et le manque de transparence de l’information entre acteurs ; l’absence de recul quant à l’impact potentiel des nouvelles lois d’investissement et avantages fiscaux ; la longueur et la complexité des aides pour les petits exploitants qui manquent souvent d’encadrement et de formation ; la gouvernance imparfaite du système de soutien du fait d’un manque de coordination entre les acteurs entraînant un mauvais ciblage des aides, des détournements et abus.
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L’étude visera, sur la base d’un état des lieux des mécanismes de soutien au secteur agricole et de leur efficacité, à proposer des scénarii d’amélioration des mécanismes de soutien à l’agriculture pour les rendre plus efficaces et moins coûteux, avec un focus particulier sur les filières agrumes, lait, céréales et huile d’olive.
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Suite à ces ateliers de travail, plusieurs réunions avec les groupes de travail et les acteurs impliqués dans les études ont été organisées du 23 au 27 octobre à Tunis avec plusieurs objectifs :
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Faire l’état des lieux de l’avancement des travaux et préciser le calendrier des activités ;
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Rencontrer les consultants retenus et les présenter, ainsi que la chargée d’études junior recrutée pour appuyer les activités du programme d’appui en Tunisie, à la DGEDA et aux groupes de travail ;
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Collecter les informations complémentaires, les analyses, les commentaires auprès des participants aux groupes de travail afin d’améliorer et d’affiner les états des lieux ;
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Rencontrer les participants complémentaires aux études lancées pour leur présenter l’initiative ENPARD, l’état des travaux et collecter des informations complémentaires (notamment Ministère du Commerce, Ministère des Finances, Ministère de l’Industrie UTAP, secteur privé).
Dans les prochains mois, plusieurs activités et rencontres seront organisées en Tunisie :
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Une formation sur les négociations agricoles dans le cadre de l’ALECA est prévue en décembre ;
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Les groupes de travail se réuniront en janvier 2018 pour discuter des premiers résultats des études et préparer la seconde partie des études ;
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Des ateliers d’échange d’expériences régionales également sont prévus durant le premier trimestre 2018 pour chacun des groupes de travail.
Vous pouvez par ailleurs télécharger les comptes rendus des ateliers à l’adresse suivante : https://cloudia.iamm.fr/index.php/s/ZMpoSDgbkhiXycc