ATELIER DE RESTITUTION DU DIAGNOSTIC
DU SYSTEME COOPERATIF ALGERIEN
Suite à des discussions entre l’équipe du programme d’appui à l’initiative ENPARD Méditerranée, le groupe de réflexion en Algérie et les responsables du Ministère de l’Agriculture, du Développement Rural et de la Pêche (MADRP), il a été décidé de lancer une étude sur les coopératives afin de réaliser un diagnostic du système coopératif algérien, d’analyser les principaux freins à leur développement et de proposer des recommandations aux décideurs politiques.
​
Cette étude a été présentée lors d’un atelier de restitution organisé au sein du ministère le 7 février 2017. Olivier RIVES, expert français sur les coopératives en charge de l’étude, a présenté ce diagnostic du système coopératif en Algérie devant un public composé de représentants de coopératives issues de chacune des wilayas ainsi que des responsables du MADRP.
​
Après avoir introduit et illustré le concept de coopérative agricole, Olivier RIVES s’est attaché à présenter l’environnement coopératif en Algérie, les principaux obstacles entravant le développement des coopératives ainsi que les attentes des représentants de coopératives et producteurs résultat des témoignages et enquête. Pour conclure, l’expert a exposé un ensemble de mesures et recommandations visant à rendre le système coopératif algérien plus efficace, ajusté aux demandes des producteurs et plus largement d’augmenter la production, d’organiser les chaînes de valeur et d’insuffler des dynamiques territoriales de développement.
​
Parmi les freins et défis identifiés par Olivier RIVES lors de son diagnostic du système coopératif, on peut citer :
​
-
Une image dégradée des coopératives liée notamment à leur manque d'autonomie, à la complexité du système actuel et à la quasi-absence de culture économique coopérative. Toute ceci entraîne une faible adhésion au système coopératif ;
​
-
Le ratio très faible de structures véritablement performantes, pourvoyant des services efficaces et répondant aux standards internationalement reconnus (moins de 10% d’après l’étude) ;
​
-
L’absence de Direction centrale chargée des coopératives au sein du ministère, le défaut de données actualisées sur le système coopératif et la relégation au second plan des organisations de producteurs dans les récentes politiques de développement agricole (PNDRA, PRAR…) ;
​
-
L’incompréhension des agriculteurs face à certains principes coopératifs : inégalité dans le nombre de parts sociales ; rémunération des parts sociales ; redistribution des excédents sur le base du montant du chiffre d’affaire réalisé avec la coopérative et non de façon égalitaire ; découplage entre le nombre de parts sociales et nombre de voix… ;
​
-
La sous-capitalisation des coopératives liée notamment au refus de nombreux producteurs de rémunérer les parts sociales au taux d’intérêt du marché mais aussi aux difficultés d’accès aux crédits bancaires ;
​
-
Une carence des dirigeants de coopératives et sociétaires en matière de compétences managériales, de comptabilité, de gestion des stocks et des finances, de connaissance des textes réglementaires… Par ailleurs, peu nombreuses sont les coopératives proposant des formations pour leurs membres ;
​
-
Un faible niveau et une faible diversité des services rendus. De plus, les coopératives sont concurrencées dans les services qu’elles rendent par des entreprises privées informelles notamment dans la distribution des intrants ;
​
-
Les règles de gestion des coopératives sont souvent peu respectées et le fonctionnement interne n’est pas forcément démocratique et participatif ;
​
-
La quasi-absence de coopération entre coopératives.
​
Pour conclure son analyse, l’expert en coopératives a formulé plusieurs recommandations issues notamment des rencontres avec les sociétaires de coopératives et des enquêtes menées sur le terrain :
​
1. Assainir le système coopératif afin de ne garder que les coopératives efficaces qui respectent les réglementations et les principes coopératifs. Ce travail pourrait être mené par des réviseurs coopératifs chargés de réaliser des audits. En parallèle, combattre le système informel en accentuant le contrôle sur les entreprises de négoce qui captent une part majeure de la valeur au détriment des producteurs ;
​
2. Redynamiser le mouvement coopératif en se focalisant sur la mise sur le marché et en favorisant une meilleur organisation du marché national mais aussi en valorisant les produits sur les marchés internationaux en tirant profit des atouts naturels de l’Algérie (précocité des produits, qualité organoleptique, naturalité, biodiversité…) ;
​
3. Afficher la priorité donnée au développement du système coopératif en créant par exemple un département ministériel dédié et un poste de conseiller spécialisé sur l’économie coopérative rattaché directement au cabinet du Ministre ;
​
4. Lancer une vaste campagne de sensibilisation et créer des mesures incitatives afin de relancer la culture coopérative dans l’agriculture algérienne ;
​
5. Favoriser l’accès au crédit grâce à la multi-bancarisation ;
​
6. Organiser des plans de formation pour les cadres dirigeants, les coopérateurs et les membres en s’appuyant sur les chambres d’agriculture et le monde académique ;
​
7. S’appuyer sur les coopératives afin de renforcer le système de vulgarisation et permettre une meilleure intégration des bonnes pratiques agricoles et des nouvelles technologies dans l’agriculture algérienne ;
​
8. Organiser des rencontres, échanges et séjours professionnels entre les coopératives du Sud et du Nord de la Méditerranée mais aussi entre coopératives du Sud afin de favoriser les transferts de compétences et le partage d’expériences. Dans ce cadre, organiser les Etats Généraux de la Coopération Agricole Algérienne ;
​
9. Créer des fédérations de coopératives efficaces afin d’améliorer la coopération entre les coopératives et qu’elles gagnent du poids lors des négociations avec les fournisseurs par exemple.
​
Afin de continuer ce travail sur les coopératives et de tirer profit de cette étude, un projet de collaboration entre des coopératives phares algériennes, qui joueront le rôle de locomotives, et des structures inefficaces est prévu dans trois wilayas afin de favoriser les échanges et le transfert de compétences.
​
​