ATELIER SUR LES DIMENSIONS SOCIO-ECONOMIQUES DE
L'UTILISATION DE L'EAU DANS L'AGRICULTURE EN PALESTINE
A la suite du séminaire de lancement de l’initiative ENPARD Méditerranée en Palestine, le Ministère palestinien de l'Agriculture, en partenariat avec le CIHEAM-IAMM, a organisé le 24 août 2016 à Ramallah un atelier sur les dimensions socio-économiques de l’utilisation de l’eau dans l’agriculture en Palestine.
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Cet atelier technique a rassemblé une quarantaine d’acteurs spécialisés sur l’irrigation et la gestion de l’eau dans l’agriculture. Tareq ABULABAN, point focal ENPARD en Palestine et Directeur Général au sein du Ministère de l’Agriculture en charge de la commercialisation, a introduit la thématique de l’atelier qui fut présidé par Issam NOFAL, Directeur Général au Ministère de l’Agriculture, chargé de l’eau agricole, et modéré par Numan MIZYED, Professeur d’ingénierie des ressources en eau à l'Université nationale An-Najah et expert ENPARD Palestine.
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La journée de travail et de discussion s’organisa en deux temps, l’un consacré aux dimensions socio-économiques de l’utilisation de l’eau en agriculture et à son optimisation, le second dédié à la réutilisation des eaux usées pour irriguer les cultures. L’atelier fut structuré autour des présentations de quatre experts. Deux spécialistes furent mobilisés par l’équipe du programme d’appui à l’initiative ENPARD Méditerranée afin de participer à cet atelier :
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Enrico NERILLI, expert en irrigation issu de du CIHEAM-Institut Agronomique Méditerranée de Bari, afin de présenter l’expérience européenne sur la question de l’optimisation de l’utilisation des ressources hydriques dans l’agriculture ;
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Jacques BERAUD, spécialiste de l’eau et de l’environnement au sein de la Société du Canal de Provence, qui fit un exposé sur l’expérience française en matière de réutilisation des eaux usées dans l’agriculture.
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Les deux autres experts furent directement sollicités par le Ministère palestinien de l’Agriculture :
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Fadi DWEIK, de l’Institut de Recherche Appliquée de Jérusalem, qui présenta un cas d’étude palestinien sur la dimension socio-économique de l’utilisation de l’eau dans l’agriculture ;
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Nasser QADUS, de l’American Near East Refugee Aid, qui exposa un cas d’étude sur les aspects légaux et socio-économiques de l’utilisation d’eaux usées dans l’agriculture en Palestine.
Ces présentations furent suivies par des discussions entre les experts puis de débats avec la salle sur les exposés et les résultats des différentes études. Plusieurs idées, recommandations et propositions émergèrent de ces présentations et échanges :
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Sur la question de l’optimisation de l’utilisation des ressources hydriques dans l’agriculture :
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La fixation du prix de l’eau peut être un outil efficace dans l’optique d’une meilleure gestion des ressources, et in fine dans celle de réduire les coûts de production et ainsi améliorer la compétitivité des produits. Cependant cet instrument doit être adapté à la situation de chaque pays et de chaque territoire. Dans le cas palestinien, une amélioration des infrastructures et une régulation étatique semblent nécessaires étant donné que la majorité des ressources en eau agricole accessibles aux agriculteurs palestiniens est possédée et gérée par des privés ;
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Afin d’améliorer la gestion des ressources hydriques, au-delà du rôle que peut jouer l’Etat en matière de régulation des prix et de construction des infrastructures nécessaires, les parties prenantes doivent s’organiser en associations d’usagers de l’eau ;
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Le cas d’étude présenté par Fadi DWEIK montre bien l’efficacité des systèmes d’irrigation « goutte à goutte de pression équilibrée » aussi bien en matière de réduction des coûts liés à la consommation d’eau que de productivité des terres concernées, l’irrigation localisée permettant une amélioration des rendements. Ces nouvelles méthodes permettraient de s’adapter aux externalités liées au changement climatique et d’augmenter la production. Ainsi ces expérimentations techniques et l’adoption d’autres bonnes pratiques agricoles liées à l’utilisation de l’eau doivent passer à l’échelon supérieur sur le territoire palestinien.
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2.Sur la problématique de la réutilisation des eaux usées dans l’agriculture : *
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L’étude de cas palestinien présenté par Nasser QADUS démontre que la réutilisation des eaux usées permet de réaliser des gains économiques et financiers conséquents. L’Etat a un rôle fondamental à jouer afin de permettre l’utilisation de cette technique à une échelle nationale. Des réglementations et un suivi sont nécessaires notamment afin de favoriser la création d’associations d’usagers de l’eau, de fixer le prix de l’eau traitée et de s’assurer de sa qualité sanitaire. D’autre part une évolution de la loi quant à l’utilisation des eaux usées pour la culture de légumes doit être envisagée. Enfin, de par le coût élevé du traitement de l’eau, l’Etat doit élaborer une politique incitative auprès des agriculteurs afin de les aider à financer l’adoption de cette pratique mais aussi afin de dépasser un certain blocage culturel ;
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L’utilisation d’eaux usées afin de produire des fruits et légumes destinés aux marchés européens ne représente pas un obstacle mais plutôt une opportunité. En effet, si ces produits respectent certains standards de qualité, ces produits peuvent être vendus en Europe. Ainsi, le Global Gap Standard, référentiel très utilisé en Europe, permet l’utilisation de l’eau traitée pour ces productions si un cahier des charges précis est respecté.
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Ces nouvelles méthodes d’optimisation de l’utilisation des ressources hydriques pourraient de plus permettre d’envisager la culture de nouveaux produits et l’exportation vers de nouveaux marchés en tirant parti des avantages comparatifs liés au climat et à la richesse du territoire palestinien.
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Un second atelier national sera organisé en Palestine au cours du dernier trimestre 2016 dont le sujet n’est pas encore identifié. Ce dernier abordera une des thématiques ciblées par les parties prenantes palestiniennes que vous pourrez retrouver sur l’article traitant du séminaire de lancement de l’initiative en Palestine.