L’équipe du Prorgramme d’appui à l’initiative ENPARD Méditerranée au Liban a organisé, en collaboration avec le Ministère de l’Agriculture, un atelier sur la bonne utilisation des pesticides et une production agricole intégrée au Liban les 21 et 22 octobre 2017 à Beyrouth. Cet évènement s’inscrit dans la continuité du travail conduit au Liban sur les bonnes pratiques agricoles et leur application.
L’objectif de l’atelier était de discuter des déterminants et des étapes nécessaires à la mise en place d’une charte nationale sur l’utilisation des pesticides et une production agricole intégrée basée sur le volontariat et à l’élaboration d’un cahier des charges, par produit et par territoire, qui permettra aux agriculteurs et coopératives de profiter d’un système de contrôle intégré de la production sous la forme d’un label.
L’atelier a permis de rassembler un public large et diversifié : représentants du Ministère de l’Agriculture issus des différentes régions du Liban (Sud, Nord, Bekaa…), de l’IDAL (Investment Development Authority in Lebanon), LARI (Lebanese Agricultural Research Institute), ICM (Institut Méditerranéen de Certification), ONGs et producteurs agricoles.
La rencontre a été inaugurée par Hanadi JAAFAR, point focal ENPARD Liban et Directrice du Département de la quarantaine au Ministère de l’Agriculture. Par la suite, Hatem Belhouchette, expert CIHEAM-IAMM en charge des activités ENPARD au Liban, a présenté le programme d’appui à l’initiative ENPARD Méditerranée, les travaux effectués et les objectifs de l’atelier.
Afin d’enrichir le débat et de poursuivre les réflexions, Claude TRONEL, expert français du CEHM, a présenté l’expérience française en matière d’établissement d’une approche agricole intégrée pour le secteur de la pomme dans la région Languedoc-Roussillon. Cette vue d'ensemble du projet a permis de susciter un débat sur les cinq étapes clés de l'établissement et de la mise en œuvre d'une charte nationale et d’un cahier des charges :
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Validation de l’approche pour le secteur identifié
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Création d’un comité de pilotage
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Proposition d’un cahier des charges
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Formation et renforcement des capacités
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Communication
Durant un deuxième temps, les participants ont été divisés en deux groupes afin de continuer les échanges sur une approche participative. Durant cette session, les cinq étapes clés précédemment citées ont été discutées et remises dans le contexte libanais. Après quoi, chaque groupe a partagé son travail et a commenté chacune des sections.
Les principales conclusions de l'atelier et des différentes discussions sont les suivantes:
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Le Ministère a tenté d'ouvrir la voie à l’élaboration d'un cahier des charges à travers deux initiatives: un registre au niveau de chaque agriculteur afin de constituer un véritable système de traçabilité des produits agricoles et l'élaboration d'un guide phytosanitaire. Ces dynamiques ont rencontré peu de succès principalement en raison d'un suivi inapproprié et d'une actualisation insuffisante ;
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La charte nationale sera établie par l’équipe ENPARD en collaboration avec le Ministère de l’Agriculture ;
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La création d’un comité de pilotage avec pour rôle d’élaborer le cahier des charges, d’organiser le contrôle et de mettre à jour le document a été largement acceptée par les participants. Il réunira des représentants de tous les groupes d'acteurs concernés par le secteur des pesticides;
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Un sous-comité pourrait être créé au niveau régional avec pour rôle de rédiger et de mettre en œuvre une version régionale de la charte et du cahier des charges, de former, conseiller et contrôler la mise en œuvre de l’initiative mais aussi de créer des labels pour chaque région et/ou territoire ;
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Le système de traçabilité est inefficace du fait d’un cadre légal insuffisant, de l’absence de registre au niveau de l'agriculteur, du manque de sensibilisation et de la mentalité des agriculteurs;
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Il existe aujourd'hui plusieurs organisations et institutions jouant un rôle dans la formation et le renforcement des capacités : ONG (USAID, expertise France etc.), structures issues du secteur privé, sociétés de contrôle, coopératives et centres de vulgarisation (Ministère de l'Agriculture);
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Il existe plusieurs exemples de success stories dans l’élaboration et la mise en œuvre d'un cahier des charges pour certains produits, tels que le tabac ou la pomme – grâce au concours de l’ICM –, et dans l'agriculture biologique;
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Une appellation qui pourrait prendre la forme d'un label devrait être créée dans le cadre de la stratégie de communication qui réunirait tous les produits libanais de qualité au sein d’une marque-ombrelle.
Pour le prochain atelier, l'équipe ENPARD et le ministère de l'Agriculture se concentreront sur l’élaboration d'un registre de travail au niveau de l'agriculteur et d'un guide sur les traitements phytosanitaires. Ces documents s’inspireront du registre du travail et du guide phytosanitaire que le Ministère de l'Agriculture a produit en 2012, de l’expertise de l'IMC et de l'expérience française.
Une version provisoire de ces deux documents sera présentée lors du prochain atelier sur la production agricole intégrée à la fin du mois de novembre ou au début du mois de décembre et discutée par les participants lors des tables rondes et des travaux de groupe pour l’amender et le valider.
Un atelier sous-régional sera organisé au début de l'année prochaine en collaboration avec les partenaires égyptiens et libanais. La rencontre comportera deux jours de visite de terrain afin d’étudier le système égyptien de traçabilité et leurs exportations de produits agricoles. La troisième journée sera consacrée au partage d’expériences et des travaux réalisés dans le cadre du programme d’appui à l’initiative ENPARD Méditerranée dans chacun des pays.